Carte géographique - Raimundo Nina Rodrigues (Nina Rodrigues)

Raimundo Nina Rodrigues (Nina Rodrigues)
Raimundo Nina Rodrigues (Vargem Grande, État de Maranhão, 1862 — Paris, France, 1906) était un médecin légiste, psychiatre, professeur d’université, épidémiologiste, ethnologue, sociologue et anthropologue brésilien.

Nina Rodrigues fut l’un des introducteurs de l’anthropologie criminelle, de l’anthropométrie et de la phrénologie au Brésil. Dans le domaine de la médecine légale, il proposa une reformulation du concept de responsabilité pénale, conçut une réforme des examens médico-légaux et fit figure de pionnier dans l’assistance médico-légale aux malades mentaux, en plus de défendre le recours à l’expertise psychiatrique non seulement dans les asiles d’aliénés, mais aussi devant les tribunaux. Souscrivant au déterminisme biologique, il diffusa dans son pays les thèses racistes modernes, d’origine européenne, en les faisant passer pour scientifiques et avancées ; bien que mulâtre lui-même, il dénonça les effets selon lui délétères de la mixité raciale, affirma l’inaptitude des populations non blanches à la civilisation et leur propension à la délinquance, et vit dans leur présence au Brésil « l’un des facteurs de notre infériorité en tant que peuple ». Sans avoir jamais rencontré le chef religieux Antônio Conselheiro, fondateur de la communauté de Canudos, il s’évertua à interpréter la rébellion de Canudos comme étant le résultat de l’effet de contamination d’un psychotique (« délirant chronique ») sur une population campagnarde fétichiste et instable — car racialement mixte —, et ôta ainsi au conflit toute portée économique et sociale ; cette thèse contestable, promptement adoptée par les élites républicaines du littoral, aidera à justifier la guerre d’anéantissement menée contre Canudos et sous-tendra l’ouvrage qu’Euclides da Cunha consacra à ce conflit.

Fils de Francisco Solano Rodrigues, colonel et propriétaire terrien, et de Luísa Rosa Nina Rodrigues, issue d’une des cinq familles de juifs sépharades qui avaient débarqué sur les côtes du Maranhão pour échapper aux persécutions dans la péninsule Ibérique, Raimundo Nina Rodrigues grandit dans sa ville natale, sous les soins de sa marraine mulâtre, qui aidait sa mère dans ses affaires ainsi que dans l’éducation des enfants.

Il fit ses études au collège São Paulo, puis au Seminário das Mercês, à São Luís. Selon ses propres dires, et selon ce qu’en rapportent ses condisciples, il était de santé fragile. Dans la mémoire familiale, il est décrit comme chétif, « très laid », et irritable. En 1882, il s’inscrivit à la faculté de médecine de la Bahia, à Salvador, y fréquenta les cours jusqu’en 1885, pour ensuite poursuivre son cursus à Rio de Janeiro, où il conclut sa quatrième année de faculté. De retour dans la Bahia l’année suivante, il y rédigera son premier article, traitant de la lèpre dans le Maranhão.

Revenu à Rio de Janeiro, il acheva le cursus médical en soutenant en 1887 une thèse à propos de trois cas de paralysie progressive dans une famille. En 1888, il commença à pratiquer la médecine à São Luís, dans un cabinet de consultation sis dans la rue anciennement nommée rua do Sol, rebaptisée depuis rua Nina Rodrigues. Cependant, durant ce bref séjour dans sa terre natale, il se heurta à l’incompréhension et à l’hostilité de ses collègues médecins, notamment pour avoir imputé à une alimentation déficiente les problèmes de santé de la population de la région. Il résolut bientôt de fuir le provincialisme et le sobriquet de Farine Sèche dont il avait été affublé, et s’en fut s’établir définitivement dans l’État de Bahia.

À Salvador, il trouva un environnement propice aux recherches sociales qui l’attiraient fortement. Les travaux en la matière étaient alors la continuation directe de l’anthropologie criminelle dont les fondements avaient été jetés par le médecin italien Cesare Lombroso et se situaient dans la droite ligne de la sociologie positiviste appliquée au domaine pénal.

Dans cette ville qui hébergeait, au moment de l’abolition de l’esclavage, plus de deux mille habitants d’origine africaine répertoriés, il se voua à la pratique médicale et aux soins pour les plus défavorisés, ce qui lui valut l’appellation de docteur des pauvres.

En 1889, reçu au concours de recrutement de la faculté de médecine de Bahia, il fut nommé maître de conférences à la chaire de médecine clinique, dont le titulaire était José Luís de Almeida Couto, républicain historique, abolitionniste et homme politique d’envergure nationale. Cependant, son objet d’étude et d’investigation se situait en dehors du cadre de l’institution universitaire. Il ne cessa en effet, si critiqué qu’il fût, de se pencher sur les infortunes de ces populations exclues du centre du pouvoir. « Nina est fou ! Il fréquente les candomblés, se couche avec les inhaôs (sic) et mange le repas des orishas » — voila une des piques typiques lancées par ses collègues enseignants, selon ce qu’en rapporta son disciple et admirateur Estácio de Lima, dans son livre Velho e Novo Nina.

Nina Rodrigues et Alfredo Tomé de Brito, médecin lui aussi et ultérieurement directeur de la faculté de médecine de la Bahia, épousèrent chacun une des filles du professeur Almeida Couto – la famille raconte que chacun s’était d’abord financé avec l’une des sœurs avant d’épouser l’autre.

Dans sa deuxième tentative de classification raciale de la population, cette fois à l’échelon national, exposée dans un article paru en 1890 dans la Gazeta et dans Brazil-Médico, de Rio de Janeiro, apparut pour la première fois l’intitulé d’anthropologie pathologique. Il écrivit également une note appuyant l’initiative de Brás do Amaral, professeur d’Éléments d’anthropologie à l’Institut d’instruction secondaire de Salvador, visant à mettre sur pied une collection d’objets anthropologiques – squelettes, touffes de cheveux et lambeaux de peau provenant des Indiens de l’État. Lors du Troisième Congrès brésilien de Médecine et de Chirurgie, réuni à Salvador en octobre de cette même année 1890, de la commission exécutive de laquelle Nina Rodrigues fut élu trésorier, il présenta trois comptes rendus de travaux, parmi lesquels celui d’une autopsie pratiquée par lui, la seule réalisée lors d’une épidémie de grippe récemment survenue dans la Bahia. 
Carte géographique - Raimundo Nina Rodrigues (Nina Rodrigues)
Pays - Brésil
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